stéphanie cormier

en résidence à Rennes avec Image publique, la ville est un terrain de je vide dans laquelle je projette ma propre autofiction. dans le silence urbain, je cherche qui je suis. et en boomerang, la ville m'interroge, quelle aurait été ma vie si j'étais née ici.

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[je cherche une ombre à ma taille] dans les rues d'une ville dans laquelle je n'ai pas grandi, dans les femmes-miroir que je rencontre ou dans le reflet d'une autofiction, au cœur d'un territoire en mutation, et plus particulièrement dans le quartier Plaine de Baud Chardonnet.

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depuis mon objectif, je me suis vue dans les yeux les femmes que j’ai rencontrées, dans leurs corps, leurs regards, fragilités, questions, puissances, épreuves.

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je me suis vue photographe, artiste, déléguée, autrice, assistante, cheffe, libraire, retraitée, graphiste. je me suis vue abîmée, lumineuse, éparpillée. je me suis vue corps. je me suis vue rire. je me suis vue ensemble. je me suis vue sœur, fille, nièce, tante, grand-mère, mère, je me suis vue mère. je me suis vue femme. je me suis vue.

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je nous ai regardé pique-niquer entre les immeubles, marcher sur un pont, jouer sous un arbre. je nous ai écoutées, assises sur les marches ou debout dans un train, courir entre deux rives, entre deux époques. je nous ai rencontrées dans une gare, sur un banc, derrière une porte en bois, dans des jours d'été, dans un musée. je nous ai vues minuscules sous des immeubles à construire, immenses dans des rues en chantiers. je nous ai vues face à nos impostrices, nos frayeurs, nos circulations, nos courages, nos ombres. je nous ai vues dans nos chambres à soi.

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chacune m’a offert un miroir, un espace commun, chacune m'a livré un morceau de qui je suis, construisant brique par brique un solide auto-portrait de groupe.